31 décembre 2006

Le retour de l'abominable Dr. Phibes...en 2007




















Bonne année aux Nanochéviks, aux Syndicalistes, aux Stigléristes... et à toutes les bandes de l'antimonde et en particulier aux Enfants de Don Quichotte !
(la voix ( voie ?) philosophique de Bernard Stigler)

et en cadeau : une Death Card de Jacques Beauregard





19 décembre 2006

L'aigle de Sibérie (1987) un roman hallucinant de Joseph Heywood

« L’aigle de Sibérie » (1987) est un livre méconnu écrit par Joseph Heywood. Dans un style haletant, l’histoire raconte, depuis la chute de Berlin, la course poursuite à travers l’Europe entre un colonel SS chargé de conduire un certain « Wolf » en Italie, et un commando soviétique dirigé par le redoutable « Berkout » ou l’aigle de Sibérie, du nom du seul rapace qui chasse le Loup. Ce livre ne serait qu’une course poursuite classique si l’auteur ne prenait pas un malin plaisir à brouiller les pistes. Les chasseurs sont aussi impitoyables que les proies. L’action est décrite avec un cynisme et une froideur exemplaire qui laisse le lecteur dans un état de confusion morale absolue. L’idée géniale de Joseph Heywood a été d’introduire un troisième point de vue à travers le personnage de Beau Valentine, héros charnière toujours à la traîne des événements. Agent de l’OSS en Europe, Beau Valentine, est mis à la retraite lorsque l’OSS est remplacée par la CIA mais celui ci, sans écouter ses supérieurs, se lance dans une enquête minutieuse. Joseph Heywood nous introduit ainsi dans trois points de vue antagonistes et complémentaires. D’abord les proies, leurs techniques d’évasion, leurs psychologies et leur objectif, puis les chasseurs, véritable machine de guerre de Staline lancée sur les traces de « Wolf », et enfin Beau Valentine, celui qui cherche à comprendre et qui élève le lecteur vers une vision globale du drame. Cette course poursuite à trois, se déroule dans une ambiance et des paysages merveilleusement décrits comme le Berlin en ruine de 1945, le massif du Harz, les Alpes autrichiennes et l’Italie du Nord. En outre, Beau Valentine ne suit pas la piste à la trace, mais , à la manière d’un limier deleuzien, prend des routes transversales qui le conduisent de Paris à Genève en passant par Vienne et Rome. Visuellement, le livre de Heywood est une superproduction. Littérairement, c’est un livre monstre. A découvrir…Mais attention, coeurs sensibles s'abstenir, la fin est insoutenable et laisse le lecteur horrifié devant tant de haine...

L’aigle de Sibérie ( The Berkout), Joseph Heywood ( 1987) - Livre de Poche

15 décembre 2006

Le Prix Nobel réinvente le fil à couper le beurre (pour les pauvres)
















Extrait de la lettre de félicitations Monsieur Jacques Chirac, Président de la République, à Monsieur Yunis :

Monsieur le Président, Cher Professeur, Cher Ami,

C'est avec une immense joie que j'ai appris l'attribution du Prix Nobel de la Paix à vous-même et à la Grameen Bank que vous avez fondée.

En vous rendant hommage, le Comité Nobel salue une grande réalisation de solidarité, de développement et de paix. Il récompense aussi l'originalité, la justesse et la détermination de votre action pour développer la micro-finance. Il donne une impulsion nouvelle à cet exceptionnel instrument de solidarité appelé à se diffuser plus encore dans le monde.

Vous, le visionnaire "banquier des pauvres", avez par votre démarche à la fois intelligente et généreuse, fondée sur la dignité de l'Homme, réussi à allier esprit d'initiative et responsabilité sociale. La priorité que vous avez donnée aux femmes dans l'activité de la Grameen Bank, dont elles représentent 97 % des bénéficiaires, s'est également révélée un élément essentiel du succès de votre action. (...)

Coupons la tête à la mémoire courte et rappelons que Monsieur Yunis n’est pas un visionnaire, mais un banquier humaniste et malin qui a réussit à s’accaparer une idée qui vient de gens dont les noms seuls, suffiraient à faire vomir un représentant du FMI.

Rappelons que c’est Robert Owen (1771-1858) qui fonde en 1830 la National Equitable Labour Exchange, sorte de Bourse du Travail où s’échangent des bons du travail. En France, c’est Philippe Buchez (1796-1865) qui formule après 1830 la notion de « banque de crédit public ». Proudhon créera une « micro-utopie » avec la Banque du Peuple. Idée reprise et par les frères Reclus au XIXème. Le socialiste-mystique William Weitling (1817-1875) propose une banque d’échange et de crédit gratuit pour les pauvres. Aux Etats Unis, Benjamin R. Tucker fonde la Mutual Banking sur les idées de Proudhon et de Kropotkine. Lors de la République des Conseils de Munich, le libertaire Silvio Gesell, proche de Gustav Landauer et de Kurt Eisner, tente d’expérimenter son « utopie monétaire ». En Espagne de 1936 à 1939, c’est l’idée de Banco Sindical Ibérico. En Allemagne Fédérale, dès 1978, c’est la Netzwerk Selbsthilfe de Berlin. En1988 la Ökobank de Francfort sert d’ossature au mouvement communautaire.

Micro crédit=Grande amnésie.

(source : oeuvre mutaliste , dossiers de Michel Antony)

11 décembre 2006

"The Pinball Effect" de James Burke : Un livre culte



















Publié en 1996, "The pinball effect" de James Burke est certainement le plus brillant voyage littéraire à travers les idées et la connaissance. Théoricien d'un nouveau mode de pensée à base de connections et de réseaux, James Burke rend obsolète toutes les explications du monde telles quelles sont encore enseignées de nos jours. James Burke était un visionnaire il y a dix ans, et aujourd'hui, force est de reconnaitre qu'il l'est toujours... Le "pinball effect" est cet engrenage de causes à effets (connections) qui permet à un détail insignifiant d'avoir des répercutions fondamentales sur le monde... Comme le fait de savoir que les jardins d'eau de la Renaissance ont rendu possible l'invention du "carburateur"... Inutile de dire que "The pinball effect" a une influence particulière sur le "nanochévisme"...
L'idée philosophique de James Burke est que l'univers n'existe qu'à travers la perception que nous en avons, mais si vous changez votre perception de l'univers, c'est l'univers lui même qui change... Une idée dangereuse ? Très certainement...


( bien évidemment ce livre n'a jamais été traduit en français...)


10 décembre 2006

Poèmes d'outre temps : Wanderer et la maison de thé

En fouillant dans de vieux papiers je suis tombé par hasard sur quelques poèmes dont je pensais m'être débarrassés depuis plus de huit ou neuf années. Bien que je n'écrive plus de poésies depuis toutes ces années, je suis malgré tout touché par ce poème "revenant" qui traite du thème de l'errance à une époque ou je ne connaissais pas Gusto Gräser. Etrangement ce poème est intitulé : wanderer ( vagabond), et se déroule dans une Thuringe intemporelle...
Le côté "fin de siècle" ( forcément) et l'ambiance morbide me fait bien rire aujourd'hui... Mais pourquoi pas ? Il fallait bien passer par là !



















WANDERER

Un train résonne dans ma tête
Le quai est vide à la gare de Saint-Gall
Un espion est assis, presque amical

Un bleu de Prusse derrière ses lunettes de fer
Est-ce une ombre ?
Comme ce train qui résonne
Draisine fantôme qui hurle dans ma tête ?

Par la fenêtre, j'ai tendu mon bras
Pour toucher le Danube et le galbe d'un sein
Une courbe hermétique à l'aube dorée

Où ma main ressemble à celle du Malin

J'ai rêvé ma chanson à Marienbad
Sur un quai vide de gare
Où une vieille femme malade
Errait, Pythie hagarde
Entre les rames vides

Des esclaves aux regards tristes
Se noyaient dans le Styx
Et la galère aux rames inutiles
Transportait les âmes numérotées
Sous un aveugle crucifix

Un contrôleur à l'accent de Lübeck
Comme un automate mélancolique
M'a demandé mon ticket pour l'Aigle Noir
Avant de me laisser partir sur les routes du soir

Au delà de Thuringe, j'ai été troubadour
Pour un rêve, un conte, une histoire d'amour

Où chaque pas qui m'éloigne de toi
Me rapproche un peu plus de la gare de triage
Où les destins se croisent de l'azur au ponant

Et les machines de rage
Nous laissent vieillissants
Aux portes de la Ville



Un autre poème très "victorien" qui explore le versant himalayen du vagabondage :

















La maison de thé :

Prends ta vieille malle, voyageur
Quelques cachemires
Un gilet aux boutons dorés
Un recueil de Tennyson
Un clipper ou un aéroplane
Et sur ces pentes anthracite
Des contreforts himalayens
Avance sans t'arrêter
Sur ces ponts volants
Au dessus des torrents
Là bas ! Trouve un bosquet de Bactriane
Et choisis dans ton herbier
Entre Passiflore et Aquilea
Effeuille la muse de Darwin
Les rouages bruts du cosmographe
Deviens voyageur de la contre marche
Explore ce temps omnivore
Eloigne-toi des Bosphores cicatriciels
Et fuis ces cités de phosphore
Et sur les sentiers brahmanes
Au doux parfum de bergamote
Tu trouveras, voyageur
Cette vieille maison de thé
Entre Passiflore et Aquilea
Et souviens-toi d'un visage gravé
De gaiäc et de plomb

Au bout du chemin, voyageur
Tu trouveras une maison de thé
Et un visage aimé
Entre Passiflore et Aquilea




07 décembre 2006

La dernière vallée : le plus grand film de tous les temps

























Réalisé par James Clavell, l'un des plus brillant ( et méconnu) écrivain de sa génération (Shogun, Taipan, King Rat, la noble maison ), The last Valley, "la dernière vallée" est une variation sur les 7 samouraïs de Kurosawa. L'action se déroule pendant les guerres de religion et fait intervenir des thèmes aussi variés que l'utopie, la jalousie, le fanatisme, l'humanisme, l'amour,l'amitié, la haine ... The last valley n'entre pas dans le cadre étroit du cinéma pour critiques et enculeurs de mouches. The last valley est un film-monde, une bombe cinématographique, ou un exercice de terrorisme humaniste unique dans l'histoire du septième art... L'interprétation du "Capitaine" par Michael Caine, est certainement le plus beau rôle de sa carrière. La musique de John Barry, et le thème "la mort du capitaine" atteint des sommets de lyrisme et d'intensité dramatique. Un film nanochevik!



quelques exemples d'affiches :




04 décembre 2006

Soirée Jalouse, Beigbeder et les naturmenschen urbains: Ohne Zwang !

« Suivez la fumée ! » et nous voilà à l’assaut d’un bar à flûtes en état de siège. Dehors la plage des Vosges s’enfonce dans une torpeur mesquine. Jean-Edern n’est plus là pour shooter les pigeons avec sa 22 long rifle. Dehors, c’est un peu la Pologne de Jarry. Nulle part quoi! D’ailleurs on ne prend plus le métro depuis que la Stasi Est Allemande s’est reconvertie à la RATP. On ne se fait même plus agresser ! Hugo Pratt avait l’habitude de dire qu’il préférait se retrouver avec un voleur sur une petite route déserte du Brésil, qu’avec un quarteron de ministres. A bas la sécurité, Vive l’insécurité ! On ne va pas gagner les élections avec un tel slogan, mais au moins on gardera la tête haute... Pour boire du champagne, de toute façon, mieux vaut se tenir debout que de ramper sous le joug. Dahan, avec son look d’Apache post maoïste est en vigie comme un U-Boat type 21 dans l’Atlantique nord. En tout cas il ne fonctionne pas à l’alcool mais avec une pile à combustible. Etonnant à voir : un requin placide chez Jalouse. Pendant ce temps Beigbbeder en pull cachemire bleu ciel, est Absolut-ment ravi. Pas nous. Ça me fait penser au fim Dawn of the Dead ( L’armée des morts), surtout la fin, quand ils arrivent dans l’île et que c’est encore plus pourrave que le centre commercial qu’il ont quitté. On saute à pieds joints dans la rue. Beigbeider, ce pilote de la nuit, saute dans sa mini ébène décapotable. Il fait 0° mais il ouvre sa capote et met ses lunettes noires. La classe et la fureur de vivre des années 2000. Poliakov, debout sur son vélo, l’interpelle « Où tu vas Frédéric ? » « Je vais baiser ! ». C’est vrai, Madame se tient tranquille. C’est la fureur de vivre jusqu’au bout. Il nous gratifie en passant d’un NMM ou Nique Ma Mère, une de ses dernières inventions. Poliakov avec son esprit pinailleur lui renvoi un magnifique « Elle n’est pas potable ! ». Voici, une nuit qui se termine. Les naturmenschen urbains ont encore frappés. C’est l’homme au centre de la nature et non pas le contraire, (les écolos...) Les naturmenschen urbains aiment la nature, mais aussi la symphonie des grandes villes, le reflet expressionniste des usines désaffectées. Les naturmenschen urbains aiment jouer à saute moutons sur les trottoirs, griller les feux rouges, boire de la bière, pousser des cris de bête dans la nuit, manger de la viande comme le loup des steppes ou se nourrir exclusivement de fruits secs et boire du champagne, évidemment. Evidemment. Vive la nature ! Vive l’insécurité ! Ohne Zwang ! Sans contrainte !





















Photo par le naturmensch urbain Oguste