30 juillet 2007

Ingmar Bergman : Echec et Mat



















Le septième Sceau : peut être le plus beau film du XXe siècle.

"De retour des croisades, le chevalier Antonius Blok rencontre la Mort sur son chemin. Il lui demande un delai et propose une partie d'echecs..."

28 juillet 2007

La nuit où j’ai nagé dans la Seine...









A vrai dire, l’idée ne m’avait même pas effleurée l’esprit... J’étais venu avec des saucisses au barbecue electro sur le quai de Louvre. Godaille et parisianisme au menu de cette belle soirée d’été. C’est le styliste parisien Karim Bonnet qui exprima ce soir le désir de se baigner dans la Seine. S’agissait-il d’une boutade ? Franck Knigth et moi même n’en étions pas très sûr... Soudain, sur la rive opposée, un puissant jet d’eau jaillissant de la berge se déversa dans la Seine pendant quelque secondes. Tous les regards se tournèrent vers l’appartement de Jacques Chirac... Avait-il tiré la chasse ? Il en fallait cependant plus pour détourner Karim de son projet. Je lui parle alors des silures, ces poissons qui peuvent atteindre plus de deux mètres de long et cent kilos et qui ont colonisés le lit de la Seine en s’infiltrant depuis le Danube à travers les canaux de navigations. « Ils peuvent avaler un enfant ou un petit chien dis-je ». Cela n’ébranle aucunement sa résolution, j’enchaîne alors sur le danger des tourbillons en aval des ponts. « Des tourbillons ? La Seine est un lac dit-il » en enlevant sa chemise. Dans le domaine du positif, c’est en 1975 que la Seine était la plus polluée, depuis ça va mieux d’années en années... Il faut dire qu’a l’époque les hippies jetaient leurs seringues par dessus les ponts, gerbaient leur LSD, et déféquaient leur turista indienne dans les eaux... Karim est inébranlable, il écarte les bras comme Lord Greystoke avant un combat et le voilà soudain en caleçon qui descend les marches vers l’eau noire de la rivière... Plouf. Il vient de sauter et s’ébat dans l’eau sous le regard ébahis de quelques spectateurs. Karim Bonnet, faut-il le dire , à la carrure d’un nageur de combat, et il fend l’eau d’un crawl puissant, une ligne droite, une composition non objective qui se fout totalement des énormes silures qui remontent vers la surface en quête d’un dîner. Il se contrefiche des courants et des tourbillons qu’il écrase d’un revers de la main. Même les cadavres qui reposent dans la vase depuis les années 1950, doivent l’observer avec curiosité. Les déjections organiques de 15 millions d’habitants, les déversements d’huile, de fioul, de nitrate, d’arsenic, et d’autres agents toxiques, ne lui font pas plus d’effet que la fumée d’une Motobécane. « Au diable la prudence ! » dis-je. La tentation est trop forte et je me dessape et me lance à mon tour dans le Fleuve. Il faut dire que dans ma vaillante précipitation, je tombe de plein fouet sur une gouttière immergée à un mètre du bord que je n’avais pas vu. Me voilà donc écorché sur le côté droit de la hanche. Je me demande si je n’ai pas attrapé au passage la peste, le cholera, et même l‘abominable ver du Congo. Jarnicoton ! On ne vit pas éternellement ! J’y suis j’y reste et je m’élance vers le centre de la rivière. L’eau est agréablement bonne. Je cherche Karim du regard, mais le Lord Byron des stylistes, le Johnny Weissmuller de Paname, a déjà atteint l’autre berge. Je l'aperçois enfin qui court sur le quai opposé et qui monte les escaliers afin de retraverser la Seine par le pont. Un individu en caleçon courant sur un pont parisien est certainement un spectacle étonnant. Je ne crois pas pouvoir le suivre dans son exploit et je reviens tranquillement à mon point de départ par le chemin des écoliers en pensant à la clé des champs que j’ai vu accrochée en pendentif au cou d’une jeune fille. Lord Bonnet arrive enfin en petite foulée, transfiguré par sa traversée hasardeuse en cette nuit du 28 Juillet. Une douche vite !

27 juillet 2007

Mortal Kombat sur le boulevard Saint Germain









Après avoir acheté le tome 2 et 3 de la BD Planetary ainsi que le superbe DMZ, je poursuis mon chemin sur le boulevard Saint Germain. En face de moi un type s’avance et me demande de l’argent pour s’acheter « une demi baguette ». Quand je donne j’attends toujours un merci. Mais parfois, je n’ai pas envie de donner, je ne suis ni l’Abbé Pierre, ni le bras armé contre la pauvreté. Dans ce cas là, je déteste être insulté. Devant mon refus le type me balance sa flopée d’insultes « enculé de ta mère » et autres joyeusetés tout en poursuivant sa route. Je me retourne et lui lance « Hé toi ! Tu vas arrêter d’insulter les gens ! ». L’énergumène s’arrête se retourne et se dirige vers moi d’un pas décidé. Apparemment, il n’aime pas qu’on discute ses insultes. J’ai tout le loisir d’observer le Parsifal de la demi-baguette. C’est un petit trapu d’environ 45 ans avec un visage rougeaud et une dentition clairsemée par le mauvais vin et les rixes de pochetrons. Sans hésiter, mais sans vouloir trop forcer je lui balance direct une baffe légèrement appuyée du tranchant de la main, histoire de lui rappeler les règles de bonne conduite. Les touristes du boulevard s’éparpillent comme une volée de moineaux. Soudain, chose inouïe, le type se met en position de Mortal Kombat avec en arrière fond les jardins de Cluny. J’éclate alors de rire devant la posture de la mante religieuse de mon adversaire... Ce dernier fait reposer tout son poids sur sa jambe droite repliée alors que la gauche est tendue comme un pas de l’oie, le bras droit dressé en l’air comme un moine Shaolin de pacotille. Il me suffit bien sûr d’une seconde pour analyser cette extraordinaire pose. Deux choix s’offrent à moi, le premier est un crochetage de la jambe gauche qui provoquera une chute ridicule, et le second plus méchant consiste simplement à lui briser le genou. J’avoue que je reste dans l’expectative, le faire tomber ne me plaît guère puisque qu’il finira par relever, et je serai obligé de recommencer la correction. La seconde solution est ridicule, briser le genou d’un pauvre type est très méchant... Je me contente d’éclater de rire devant cet avatar de culture asiato-kung-fu-manga chez nos clodos parigos. J’observe sans trop y croire l’homme en face de moi, cet hybride ahurissant de la mondialisation : réinventer la roue et accoucher d’un cube ! J’avais en face de moi une microparticule du FMI, un moine rônin de la BCE. Je suis tellement mort de rire que je laisse le type dans sa position inconfortable. A force, me dis-je, il va bien finir par se fatiguer ou se faire élire maire de Bordeaux ! Je me casse, j’ai des BD à lire, et le type concentré dans sa biomécanique à certainement oublié sa torgnole originelle. Si vous passez dans le coin, il doit toujours y être... Soyez sympa donnez lui quelque chose...

25 juillet 2007

Crazy encierro : c'est encore mieux en musique

C'est encore mieux en musique...avec vue sur les chambres d'hôtel de la municipalité de Pampelune : c'est simple, vous vous écroulez quelque part comme un bon fiestard avec votre costume blanc dégueulasse et vous dormez. Au réveil, recommencez, jusqu'à plus soif... Crazy Sanfermines... Le gros problème à votre retour, c'est que la vie vous semble fade, bien fade... choc post traumatique...



Guitare espagnole

24 juillet 2007

Un mot, un jour : GODAILLE



















Un mot, un jour
: Ou comment la civilisation avance à coup de mots pas piqués des hannetons... LA GRANDE BOUFFE aka LA GRANDE GODAILLE

Envoyé par Olga :

Par Odin! c'est du wisigoth... ou presque.

GODAILLE, subst. fém.

Pop. Débauche de table et de boisson. Ne craignez-vous pas qu'elle [la fête] dégénère, comme les autres, en réjouissances publiques, en godailles et en truandailles? (BARRÈS, Cahiers, t. 12, 1919, p. 164).
REM. Godaillerie, subst. fém., synon. de godaille. Il [
Brillat-Savarin] ne parlait que de godailleries et moi je parle de ce qu'il y a de plus sérieux en France (BALZAC, Corresp., 1829, p. 417).
Prononc. : []. Durée demi-longue ds PASSY 1914, longue ds BARBEAU-RODHE 1930. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1223 goudale « sorte de bière » (G. DE COINCI, Miracles de la Vierge, éd. V. F. Kœnig, II Dout. 34, 2097); b) 1568 goudaille « id. » (Ord. sur la franche foire de Audruick ds GDF.); 2. a) 1650 faire godaille «
se livrer à une débauche de table et de boisson » (Mazarinades II, p. 158 ds F. BAR, Le Genre burlesque en France au XVIIe s., Paris, éd. d'Artrey, 1960, p. 30); b) 1808 « débauche de table » (HAUTEL). 1 est empr. du m. néerl. goed ale, goedale proprement « bonne bière » avec substitution du suff. péj. -aille* à la finale -ale (supra 1 b) qui est encore vivante dans les parlers région. (cf. St Pol , Metz godâle ds FEW t. 15, 1, p. 12b); 2 peut-être dér. régressif de godailler* au sens élargi de « riboter, boire et manger avec excès » ou continuation de 1 avec contamination sém. de gogaille*. Bbg. DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 159. - MIGL. 1968 [1927], p. 194.

20 juillet 2007

« Books ? Why books ? I don’t like books ! »*

















«Books ? Why books ? I don’t like books ! »* (Le Prince Al-Walid Ben Talal). Méditons sur cette phrase qui mérite d’être gravé dans le marbre de la singapourrisation et du talibanisme de l’esprit de la glorieuse mondialisation. Il reste Harry Potter quand même, dirons certains... « Méfiez vous des hommes qui ne lisent qu’un seul livre ! » affirmait cependant le Capitan Alatriste, car ceux qui n’aiment pas « les livres », n’en aiment souvent qu’un « seul » avec quelques petites notices pratiques en sus, du genre « petit manuel de l’inquisiteur.

« On ne touche jamais au chapeau d’un homme ! » et dans mon sombrero j’ai quelques Remington, une winchester, et quelques livres à lire à l’ombre d’un saloon d’Abilène. Direction le Trésor de la Sierra Madre avec « A la recherche de B. Traven » de Jonah Raskin ( Editions Les fondeurs de briques), une biographie sous forme de quête qui se transforme en identification conduisant l’auteur au bord de la folie. A ceux qui ne connaissent pas B.Traven, le mystérieux écrivain spartakiste, lisez sans plus tarder « le vaisseau des morts "et le Trésor de la Sierra Madre, sans faire l’impasse sur le magnifique film de John Huston avec Humphrey Bogart

.

Trouvé un petit essai de Robert Louis Stevenson sur la mort : « Aes Triplex » aux belles Editions Sillage ( 5 euros)- « la mort surpasse tous les accidents de la vie parce qu’elle en est le dernier ». Cela nous fait rebondir vers notre ami Sergio Leone – le samouraï anarchiste- dont les films sont inspirés par « La Technique d’Ohgai » de Hasuda Ohgai Oöhô « Voir l’art dans la mort au combat, comprendre que la mort au combat est un poème »... Qui dit que la poésie et le cinéma sont sans dangers ?

Toujours aux Edition Sillage, El Buscon, la vie de l’aventurier Don Pablos de Ségovie, de Francisco de Quevedo, traduit par notre vénéré Rétif de la Bretonne. Francisco Gómez de Quevedo y Villegas (1580-1645), était un écrivain satiriste et poète espagnol ; et représentant d’un style littéraire baroque appelé «conceptisme», une forme de d’art littéraire ancrée dans l’action, l’équivalent lettriste des bottes d’escrime et des duels sanglants, langue de serpent et dague à la main. El Buscon est le chef d’oeuvre du roman picaresque, avec son héros désinvolte, valet, étudiant, voleur, mendiant, soudard. Un héros comme on les aime qui ne réfléchit jamais aux conséquences de ses actions. Il fonce, suicidaire, inconscient, fanfaron, ne choisissant jamais le droit chemin, mais les voies détournées, les errances désordonnées des soulards et autres fiestards dans les rues de Pampelune. Dans le genre de coupe jarret du XVII e siècle, les mémoires du Capitan Alonso de Contreras sont aussi un régal :

« (...) nous allions de cabarets en cabarets et de maison en maison. Un soir nous étions à festoyer dans une auberge selon notre coutume. Au cours de la godaille, un de mes compagnons ( car nous étions trois) s’écria « Apporte ici de quoi manger, bougre ! – Tu en as menti par la gorge ! » Répondit l’hôte. Là dessus mon compagnon tire une dague et le frappe de façon que l’autre ne se leva plus. Tous les gens du logis de nous courir sus avec des broches et d’autres armes, et il nous fut là bien grand besoin de savoir nous défendre. »

J’ai connu, ma foi, les frères Bukovski, une horde de quatre forbans à l’allure picaresque, qui écumaient les rues de Pampelune comme des Don quichotte en goguette...

Je termine cette sélection de pistolero avec le Surmâle d’Alfred Jarry qui commence par cette phrase extraordinaire :

« L’amour est un acte sans importance, puisqu’on peut le faire indéfiniment »

A méditer en regardant les filles qui marchent et s’éloignent sur la plage.

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* « Des livres ? Pourquoi des livres ? Je n’aime pas les livres ? »

17 juillet 2007

le guide des endroits les plus dangereux
























Balancez vos guides du routard, et allez voir à quoi le monde ressemble, pour de vrai... Robert Young Pelton est un sacré journaliste, vaillant et prudent... Si vous voulez survivre au Dafour ou sur les autoroutes du sud de la France, procurez vous ce guide dont même la CIA et le NSA attendent les dernières éditions avec la fébrilité de jeunes puceaux...

Encierro : la course à la mort du 12 juillet 2007













«
Hay sangre en la calle» ce sont les premiers mots que je prononce en entrant dans le café Iruña de Pampelune. Il est vide, immense avec ses deux bars qui avaient jadis écartelés Hemingway. J'ai l'impression d'entrer dans un saloon d'Abilène. Il y a de la sciure de bois sur le sol. Le barman répète après moi, songeur « sangre en la calle... No me gusta el encierro». Il y a quelques minutes, vêtu de blanc avec ceinture rouge et foulard des sanfermines, je me suis laissé enfermer dans l'encierro, « l'enclos », la course de la mort aux toros bravos. Nous sommes des centaines de « coureurs » à attendre, nous autres fanfarons, fous, inconscients, suicidaires, ou simplement vaillants et coureurs confirmés... Je suis placé dans la cuesta de Santo Domingo et je regarde avec appréhension la pente à gravir en courant. Que cette rue semble étroite et dangereuse... A 8 Heure précise deux explosions indiquent que les bêtes, une manade composée de 5 cabestres (boeufs) et des 6 toros bravos du Marquis de Domech, sont lâchées dans la course. La manade déboule à une vitesse endiablée, et je me mets à courir, choisissant le côté gauche de la rue, alors que les premiers coureurs sont déjà couchés sur le sol et piétinés sur la droite.... Je fonce, pas le temps de regarder en arrière. j'arrive essoufflé de peur à la place consistorial, une chicane dangereuse ou le gros de la manade passe en trombe. Soudain, c'est la terreur ! « Toro, Toro » le cri est une lanterne rouge. Un homme vient d'être encorné à quelques mètres de moi par le Toro « Universal » n° 69, qui décide de mener sa propre guerrilla en solitaire. Ce n'est plus une course, c'est un massacre. Je suis enclos dans une zone de mort, ou les mouvements de la foule, les cris, et les hurlements de panique répondent au taureau qui charge, enfonçant ses cornes dans les membres offerts comme une motte de beurre. Autour de moi les hommes tombent. Je profite d'une zone de vide au milieu de la place pour m'élancer vers Mercaderes la seconde chicane ou j'espère m'échapper. Universal avec ses cornes ensanglantées à eu la même idée que moi, et le voila qui larde la chair des coureurs sur mes talons. La bête frappe à gauche et à droite et se retourne, énorme avec ses 575 kilos et sa robe noire comme la mort. J'atteins la barricade au coin de la calle Estafeta. Je me fige, lorsque le taureau passe devant moi, et s'en va empaler un jeune mexicain dans estafeta, en lui perforant les entrailles et l'envoyant en l'air comme une marionnette. C'est trop ,je me retire de la course, devant moi une dizaine de coureurs gisent dans leur sang. « Hay sangre en la calle ».




Cette caméra "embarquée" par un inconscient montre mon point de départ au niveau du drapeau chilien au premier étage d'un immeuble de la cuesta de Santo Domingo. Cette vidéo date du 8 juillet, mais est cependant similiaire au début de course du 12. Tension des coureurs avant le départ, course folle et panique...




la course dans son ensemble. éviter de regarder la fin si vous êtes sensible...



06 juillet 2007

Trève d'été.



































Bientôt les photos des quatre derniers garibaldiens de France sur le pont des arts. Quelques surprises prévues pour la rentrée de septembre/octobre. Un voyage imminent vers l'encierro de San Firmin, cette course de taureaux gonzo de Pampelune... Quelques textes à finir, et puis et puis...

Bonnes vacances à tous.



03 juillet 2007

Bicentenaire de Garibaldi sur le pont des arts le 4 juillet à 18H00
























Garibaldi ? Unificateur de l'Italie, combattant sud américain, député français de la république au parlement de Bordeaux (1871), défenseur de la république avec ses légionnaires aux chemises rouges dans les plaines de Bourgogne. Né à Nice en 1807, déchu de sa nationalité française parce qu'il était...italien... Seul Victor Hugo prit sa défense et cracha sur les minables parlementaires avant de démissionner de l'Assemblée Nationale... Rendons sa nationalité à Garibaldi, notre sans papier !

Rendez-vous sur le pont des arts le 4 juillet à 18H00.