27 juillet 2007

Mortal Kombat sur le boulevard Saint Germain









Après avoir acheté le tome 2 et 3 de la BD Planetary ainsi que le superbe DMZ, je poursuis mon chemin sur le boulevard Saint Germain. En face de moi un type s’avance et me demande de l’argent pour s’acheter « une demi baguette ». Quand je donne j’attends toujours un merci. Mais parfois, je n’ai pas envie de donner, je ne suis ni l’Abbé Pierre, ni le bras armé contre la pauvreté. Dans ce cas là, je déteste être insulté. Devant mon refus le type me balance sa flopée d’insultes « enculé de ta mère » et autres joyeusetés tout en poursuivant sa route. Je me retourne et lui lance « Hé toi ! Tu vas arrêter d’insulter les gens ! ». L’énergumène s’arrête se retourne et se dirige vers moi d’un pas décidé. Apparemment, il n’aime pas qu’on discute ses insultes. J’ai tout le loisir d’observer le Parsifal de la demi-baguette. C’est un petit trapu d’environ 45 ans avec un visage rougeaud et une dentition clairsemée par le mauvais vin et les rixes de pochetrons. Sans hésiter, mais sans vouloir trop forcer je lui balance direct une baffe légèrement appuyée du tranchant de la main, histoire de lui rappeler les règles de bonne conduite. Les touristes du boulevard s’éparpillent comme une volée de moineaux. Soudain, chose inouïe, le type se met en position de Mortal Kombat avec en arrière fond les jardins de Cluny. J’éclate alors de rire devant la posture de la mante religieuse de mon adversaire... Ce dernier fait reposer tout son poids sur sa jambe droite repliée alors que la gauche est tendue comme un pas de l’oie, le bras droit dressé en l’air comme un moine Shaolin de pacotille. Il me suffit bien sûr d’une seconde pour analyser cette extraordinaire pose. Deux choix s’offrent à moi, le premier est un crochetage de la jambe gauche qui provoquera une chute ridicule, et le second plus méchant consiste simplement à lui briser le genou. J’avoue que je reste dans l’expectative, le faire tomber ne me plaît guère puisque qu’il finira par relever, et je serai obligé de recommencer la correction. La seconde solution est ridicule, briser le genou d’un pauvre type est très méchant... Je me contente d’éclater de rire devant cet avatar de culture asiato-kung-fu-manga chez nos clodos parigos. J’observe sans trop y croire l’homme en face de moi, cet hybride ahurissant de la mondialisation : réinventer la roue et accoucher d’un cube ! J’avais en face de moi une microparticule du FMI, un moine rônin de la BCE. Je suis tellement mort de rire que je laisse le type dans sa position inconfortable. A force, me dis-je, il va bien finir par se fatiguer ou se faire élire maire de Bordeaux ! Je me casse, j’ai des BD à lire, et le type concentré dans sa biomécanique à certainement oublié sa torgnole originelle. Si vous passez dans le coin, il doit toujours y être... Soyez sympa donnez lui quelque chose...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Vu la posture il est fort dommage qu'aucun toro ne fasse de tourisme dans Paris...